Ce petit arbre est le premier qui est sorti de mes mains; je voulais faire jaillir une force tournante, un élément arraché en plein cœur, comme dirait Antonin Artaud, et en même temps une vitalité silencieuse et mystique, en liaison avec le feu et la nuit. Après avoir fait sortir la forme, il fallut choisir une couleur , ce qui n’est pas évident pour moi qui préférait à l’époque plus valoriser les textures que la forme. Finalement le coup de foudre s’est fait sur un pigment cobalt, qui me semblait une évidence…Une couleur magnifiant la beauté de cet arbre si vivant, si dansant… Pourquoi un cobalt et pas un autre bleu ?…Parce que c’est un bleu très lumineux et en même temps très profond…il fût mis au point pour la Cathédrale Saint-Denis et repris à la Cathédrale de Chartres, et du Mans. Il offre un contraste plus puissant que ceux des autres bleus utilisés dans les vitraux des époques précédentes…Je ne peux m’empêcher de citer une phrase sublime de Van Gogh, à laquelle j’adhère totalement : « le bleu cobalt est une couleur divine, et il n’y a rien de plus beau pour installer une atmosphère…(lettre à Théo).
Donc rien de mieux pour sublimer une forme…De jour, l’éclat de son bleu captive ; de nuit une échappée de lumière magique, vacillante se dessine dans les stries de son écorce, sa vitalité s’exprime d’une manière fantastique, et vous hypnotise…